Le Nouvelliste du 11 octobre 2018

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De banals microbes à l’origine de la maladie

 

ALZHEIMER

Installée à Martigny, la doctoresse Judith Miklossy cherche de nouvelles voies pour soulager les malades. Elle organise un colloque international sur le sujet du 10 au 13 octobre à Crans-Montana.

PAR PASCAL.GUEX@LENOUVELLISTE.CH / PHOTO SACHA.BITTEL@LENOUVELLISTE.CH

 

 

La doctoresse Judith Miklossy, médecin en neurologie, organisatrice du colloque de Crans-Montana sur la maladie d’Alzheimer.

En Suisse, 100 000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer et le nombre de patients atteints de cette pathologie devrait tripler d’ici à 2050, selon les anticipations de l’OMS.

 

La doctoresse Judith Miklossy – ancienne privat-docent de l’Université de Lausanne, spécialisée en neurologie, psychiatrie et neuropathologie – a plusieurs explications à cette évolution inquiétante. «L’augmentation de l’espérance de vie favorise l’apparition plus fréquente de cette maladie lentement progressive, parfois durant des décennies. Il y a aussi l’intérêt grandissant pour la recherche qui facilite de plus en plus sa détection.»

 

Une vision qui fait débat

 

Responsable du groupe de recherche «neuro-dégénérescence» à l’Institut universitaire de pathologie du CHUV à Lausanne, la Martigneraine d’adoption est la directrice de la Prévention Alzheimer International Fondation. Un organisme qui organise du 10 au 13 octobre prochain à Crans-Montana un congrès international entièrement consacré à des maladies inflammatoires chroniques avec une attention particulière portée à la maladie d’Alzheimer.

 

«Le rôle des microbes sera discuté par des chercheurs et cliniciens venant du monde entier», avance la doctoresse. Une vision nullement partagée par de nombreux confrères. «Il est connu que des microbes peuvent causer une démence. Et la démence syphilitique en est un exemple particulièrement parlant», rétorque Mme Miklossy. Selon elle, il n’est pas seulement logique mais nécessaire de rechercher le rôle des pathogènes dans la maladie d’Alzheimer, afin de stopper ou de prévenir la maladie. «En 1913, Oskar Fischer avait déjà suggéré que les plaques séniles peuvent correspondre à des colonies de bactéries. On ne doit pas attendre encore un siècle. C’est maintenant qu’il faut agir.»

 

Un savoir à partager

 

Judith Miklossy estime ainsi que les traitements actuels sont destinés à contrôler les symptômes et non la cause de la maladie. «Ces substances ont une action par blocage des récepteurs NMDA ou diminuent la dégradation de l’acétylcholine, un neurotransmetteur important mais ils n’empêchent malheureusement pas la perte neuronale progressive.» «Une thérapie ciblée serait préférable. Les traitements suggérés seront d’ailleurs aussi le sujet de plusieurs présentations lors du congrès.»

 

Une approche qui pourrait changer la situation

 

Pour l’organisatrice du colloque de Crans, plusieurs publications et symposiums ont bien démontré l’impact grandissant de cette nouvelle approche qui pourrait changer radicalement la situation et donner un espoir pour des millions de patients et leurs proches. «Le but de ses efforts étant de définir la cause de la maladie d’Alzheimer, mais aussi d’autres maladies inflammatoires chroniques comme le diabète de type 2.»

 

Judith Miklossy pense que de transmettre des nouveaux résultats dans ce domaine de recherche est important lors de congrès tels que celui qui aura lieu sur le Haut-Plateau du 10 au 13 octobre, la dernière journée étant ouverte au public. A ses yeux, il est essentiel qu’au moment où l’on découvre la cause d’une maladie, l’on cherche aussi à atténuer la souffrance des patients. «Les troubles de la mémoire et des fonctions intellectuelles considérés auparavant comme naturellement associés au vieillissement sont aujourd’hui, avec raison, considérés comme une maladie.»

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